Au juste c’est quoi le « Dieu » de Nkurunziza ? (par NININAHAZWE Pacifique)

c0nkvfrxeaabvpjAu juste c’est quoi le « Dieu » de Nkurunziza ?

Un pasteur d’une grande église à Bujumbura a courageusement osé ce questionnement dans son sermon de ce dimanche. Dans une formule moins directe, il a déclaré « de notre part, nous ne connaissons pas ce « Dieu » qui, de notre époque, fait trembler la terre et le ciel pour détruire et brûler des gens parce qu’ils seraient inutiles ». Il est courageux ce pasteur et il reste le témoignage vivant qu’en dépit de la terrible répression le courage ne quittera pas le peuple burundais!

A priori la question de la foi de Nkurunziza ne devrait pas être posée, dans une république, dans une démocratie, dans un Etat de droit. Chacun a le droit de croire en ce qu’il veut ou même de ne rien croire; personne ne devrait se permettre de juger la foi de l’autre. Dans la longue histoire de l’humanité, se permettre de juger la foi d’autrui a souvent conduit à des hécatombes sans nom. Loin de moi l’idée de juger une foi, je ne le ferai jamais. Mais quand il s’agit d’un président d’une république laïque qui dépense en une semaine plus 140 millions de notre impôt pour s’exhiber, raconter des histoires de cannibalisme familial et proclamer l’apocalypse, il y a lieu de se poser des questions. Quand un président de la république fonde, au 21ème siècle, sa légitimité sur des paroles prophétiques qu’il reçoit directement de « Dieu », la question dépasse le domaine privé de sa foi et appelle à un débat public.

C’est quoi le « Dieu » de Nkurunziza?

Nos ancêtres distinguaient deux dieux. Il y avait d’abord le « Bon Dieu », Créateur du ciel et de la terre, surtout « Dieu des bénédictions ». Chez les burundais, les bénédictions se manifestaient dans la progéniture (plus on avait d’enfants des deux sexes, plus on était béni), dans les troupeaux de vaches, dans les bonnes récoltes, dans la pluie abondante, dans l’absence des épidémies, dans la paix. Ce « Bon Dieu », nos pères l’appelaient « IMANA ». En face, il y avait le « mauvais dieu », le dieu de toutes sortes de malédictions. Celui-là il se manifestait dans la stérilité, dans la mort des enfants, dans les folies, dans les maladies des animaux, dans les sècheresses et les famines, dans les calamites de toutes sortes, mais surtout dans la mort et l’insécurité. Ce « mauvais dieu », ils l’appelaient « RWUBA RWA BIGATA ». Le Burundi a été par la suite fortement « christianisé » pendant la colonisation. Aujourd’hui, Pierre Nkurunziza se réclame du christianisme et aurait le privilège (lui, sa femme et ses enfants) de recevoir directement des messages spéciaux de Dieu pour la nation burundaise. La conception d’Imana que se faisaient nos ancêtres a tellement séduit les missionnaires blancs que le Dieu des chrétiens (tout comme celui de toutes les grandes religions) est toujours appelé « Imana » en Kirundi. Je suis chrétien, et le Dieu qu’on m’a appris est plutôt miséricordieux, un Dieu de paix et de bonté. Quand j’ouvre ma Bible, Dieu présente ainsi ses projets pour l’humanité: « Car je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance » (Jérémie 11:29 Bible Version Louis Segon). J’y trouve aussi ce plus beau verset de Jésus-Christ: « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Matthieu 25:40). En réalité le Dieu des chrétiens appelle à l’amour du prochain, à la compassion et à la réconciliation des frères.

Mais le « Dieu » de Nkurunziza me parait bizarre. Son « Dieu » est trop sanguinaire : la majeure partie de ses croisades parle de « tuer les ennemis de Nkurunziza », d’extermination de ceux qui s’opposent au plan de « Dieu ». Dans ses premières croisades en 2005-2006, ses nombreux prophètes avaient annoncé que la monnaie burundaise allait devenir « la monnaie la plus forte du monde » sous l’ère de Nkurunziza, 11 ans après le franc burundais connait le cours le plus bas de son histoire ; le visa burundais allait être le plus sollicité du monde, 11 ans après ce sont les fils et les filles du Burundi qui fuient la mère-patrie. De temps à autre, les croisades ont accordé à Nkurunziza des titres de rois ou autorités bibliques juifs, devenant à tour de rôle David, Saül, Moise, Salomon et tout récemment Josué. Au fil des ans, les bonnes promesses ont finalement fait place à des avertissements contre les opposants jusqu’à ce que Nkurunziza déclare en août 2015 que tous ceux qui contestent son mandat, le mandat de « Dieu », allaient finir comme de la traînée de poudre. Son épouse, « Pasteur Denise » a renchéri que « Dieu » venait de décréter la fin de toute contestation du troisième mandat présidentiel : « ce que nous avons vu au cours de ces huit premiers mois de 2015 viennent de finir, Dieu le déclare! » Ce n’est pas à moi de contester ce que « Dieu » a dit, mais je constate que la contestation continue plutôt de plus belle.

Décembre 2016, c’est le summum. Dans l’ouverture de sa croisade annuelle, Nkurunziza prononce ces paroles terribles: « Dans notre famille, le seul qui avait étudié c’était mon père, personne d’autre n’avait dépassé la sixième année de l’école primaire. Et ils ne priaient pas Dieu, ils étaient TOUS des sorciers. Moi, je les connais, certains sont encore vivants à Cahe. Ils nous ont tellement ensorcelés. Dieu merci, tout est désormais en ordre… Chez nous à Cahe, il n’y avait que des sorciers. Certains mangeaient de la viande humaine, ils se faisaient parfois attraper avec des jambes humaines. Une personne pouvait décéder et être enterrée dans la journée; mais le soir on retrouvait la même personne dans une maison, elle se ramenait elle-même de la tombe. C’est vraiment de la vérité, nous les attrapions, les autorités aussi les attrapaient. C’est du réel: une personne enterrée dans la journée était retrouvée le soir dans une maison où elle se ramenait elle-même et se faisait couper en brochettes. Ne badinez pas! Sachez-les, nous venons de loin. Dieu m’a réveillé moi aussi!… Avant c’était des sorciers, désormais ils sont devenus l’armée de Dieu ».

Après ce témoignage fort étonnant sur une famille de sorciers anthropophages et des morts qui quittent les tombes pour se faire tailler en brochettes dans les maisons, les menaces ont commencé à pleuvoir. La cible de cette fin d’année, ce sont les opposants qui se cachent à l’intérieur du CNDD-FDD. L’ancien chef du protocole de Térence Sinunguruza, reconverti « Pasteur » après avoir trahi son maitre, annonce dans des mots très violents que des « chiens portant des peaux de moutons se cachent dans le troupeau du roi ». Il a par ailleurs la faveur d’être le premier à annoncer le terrible châtiment de « Dieu » qui lancera lui-même, depuis le ciel, des pierres pour écraser les rares qui parviendront à s’enfuir en 2017. Le jour de clôture, c’est au tour de Pierre Nkurunziza d’annoncer lui-même l’apocalypse qui anéantira les « faibles » (probablement les modérés de son camp) et les « inutiles » (les opposants sûrement) !

La prière la plus importante des chrétiens commencent par « NOTRE Père qui es aux cieux ». Normalement, tous les chrétiens se reconnaissent ainsi frères et sœurs en invoquant un « Père » commun, « NOTRE Père ». Ce « Père commun » enseigne la paix, le pardon et la réconciliation entre tous ses enfants. Je ne sais pas si, quand il prie, Nkurunziza dit « MON Père à MOI tout SEUL qui es aux cieux »… ou bien s’il s’agit d’un père à lui et à tous ceux qui pensent comme lui. De toutes les façons, il semble que le « Dieu » de Nkurunziza entend le protéger et exterminer tout le reste des chrétiens qui ne sont pas d’accord avec les lubies du fils bien-aimé de Mwumba. En tout cas, ce « Dieu » qui compte exterminer les modérés de son camp et tous ses opposants, ce « Dieu » qui lance des pierres depuis le ciel à tous ceux qui résistent à sa dictature sanguinaire, ce « Dieu » qui se réjouit des testicules de jeunes hommes broyées dans les cachots secrets du SNR, ce « Dieu » qui se plait à écouter les cris effroyables des femmes violées par les sbires de Nkurunziza, ce « Dieu » sans compassion des veuves et des orphelins, ce n’est pas le Dieu des chrétiens! Ce dont je suis sûr: le vrai Dieu des chrétiens demande à tous ses enfants du Burundi, pro et anti troisième mandat, de se réconcilier rapidement et de vivre ensemble, libres et heureux dans la Patrie qu’Il leur a partagé.

Enfin, que cela soit rappelé en passant. Le code pénal du Burundi sanctionne le cannibalisme et l’anthropophagie. Et depuis décembre 2016, il se trouve qu’à la présidence de la république siège un homme qui affirme connaître les « mangeurs de brochettes humaines ». Dans cette situation, le minimum serait de mettre rapidement en place « une commission d’enquête » (ces gens aiment tellement les commissions d’enquête) sur toutes les personnes bouffées à Cahe. Le Procureur Général de la République ne nous dira pas, dans quelques années, qu’il n’a pas su que Pierre Nkurunziza connait bien et a vu de ses propres yeux des personnes enterrées la journée et qui revenaient le soir pour se faire tailler en brochettes dans les familles de chez lui. Dans sa famille où « TOUS étaient sorciers »! Alors, ou bien Nkurunziza a bien vu ces choses mystérieuses et il devient une source importante pour la justice, ou bien il n’a rien vu de cela et il a besoin d’un examen !

En attendant l’enquête sur les humains bouffés à Cahe, le monde devrait se rappeler que quand un président illuminé annonce l’apocalypse contre ses opposants, il faut le prendre au sérieux!

NININAHAZWE Pacifique

10 commentaires sur “Au juste c’est quoi le « Dieu » de Nkurunziza ? (par NININAHAZWE Pacifique)

  1. 1)L’Eternel Dieu est Bon, mais il n’est pas un bonbon.
    2)Il est Amour et Juste mais Il est aussi Saint
    3) Il châtie sévèrement le péché bien qu’Il aime le pécheur. Ceux qui utilisent les versets bibliques qui parlent de l’amour et de la bonté de Dieu, regardez aussi les versets concernant le déluge, Sodome et Gomore , la destruction de Jérusalem et déportation à Babylone etc.
    4)Aujourd’hui beaucoup de prédicateurs ne parlent que de ce qui les arrangent.
    5) L’univers tel qu’il est, ne peut avoir été créé que par une intelligence infinie.
    Comment pouvez-vous, par votre intelligence limitée, bornée, décrire comment doit être l’intelligence infinie ?
    Si vous pensez que vous n’êtes limité et borné, répondez aux questions suivantes:
    1) Combien de temps s’est-il passé avant votre naissance ?
    2) Combien de temps avez-vous à vivre sur la terre ?
    3) Combien de temps se passera-t-il après votre mort ?

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  2. Le dieu de NKURUNZIZA Pierre = IYO HEJURU, c’est-à-dire RWUBA RWABIGATA = le dieu qui tue comme la foudres. N’attendez pas de ce dieu de NKURUNZIZA des bons actes.

    Lire Esaïe 1: 13: Cessez d’apporter de vaines offrandes: j’ai en honneur l’encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées; je ne puis voir le crime s’associer aux solennités » SOMA MU KIRUNDI NIHO vyumvikana neza. Muce musoma Proverbes 15: 8 = Imigani 15:8.

    Imana rero si Rwuba Rwabigata, n’Imana y’amahoro, yanka ubusambanyi n’ubwicanyi, Imana y’ikigonwe …

    Nkurunziza akora ibikorane huzuyemwo abicanyi, abasambanyi, abasuma, akiyegeraniriza ABAVUGABUTUMWA BIBINYOMA batavuga GUHEBA ICAHA, bavuga ibimuryohera gusa …. nico gituma atanumwe avayo yihanye kandi haza abantu benshi baremewe n’ivyaha.

    Ahubwo nico gihe abagize Leta, aba DG, ADG, PDG, aba Directeurs n’abandi ba DD niko kanya kabo ko GUSAMBANA n’abo bipfuje kera ATACAMIRA. Peter nawe arabizi naho we aba yatwaye gwiwe abandi bo batwara abagore n’abagabo babandi canke bandi bakobwa canke imisore.

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  3. Répentissez-vous, sans exception aucune, la venue de Jésus Christ est proche, tout sera détruit, aucune pierre ne restera collée à l’autre. Économisez au ciel où il y a la vie éternelle. Amen !!!

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  4. Ca fait toujours un plaisir de vous lire Mr Pacifique. Vos ecrits demontrent toujours une personnalite intelligente , forte et sage,!! Bravo et que le Bon Dieu vous garde et vous benisse dans toutes vos entreprises

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  5. Ces sorciers on en parlait beaucoup dans les années 1970 dans le nord du pays. On les appelait « ba Nanga Yivuza » (qui signifie, je dirais « Guitare qui joue tout seul »). Certains d’entre eux ont été arrêtés , jugés et pendus sous le régime de Bagaza. Et voilà qu’on nous apprend qu’il en reste encore.

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  6. Abarundi twarabuze ihero ryimiti, none Pacifique
    Jewe nibaza ko avuze ico yoyumvira kumurundi
    Mwenewabo yitwa Petero Nkurunziza bica bivuga ko ari
    Mpemayuzuye? Dukwiye Kuza turmenyera kwemerana mubudasa
    bwacu, none siko kwakwisanzura. Ico yavuze atategerezwa kuvuga ni ikihe? Gira amahoro,

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  7. Qui t’a dit que les gens opérant dans le secteur de la Société civile n’ont pas le droit de lever le droit et oser critiquer les actes ignobles et barbares de la clique mafiose de Bujumbura? Vous auriez été ben sûr contents que les gens gardent la bouche quand vous décîmez des milliers de gens, violez des femmes et enfants, pillez tout ce que vous trouvez de mangeable à votre passage! Trop c’est trop! je me souviens de ce policien dans le quartier de Cibitoke en Bujumbura mairie qui a pillé ( Imboga n’ubugari bw’umugore w’umupfakazi). Uwo mugore yakubiswe n’inkuba no kuvuga ntiyavuze aca asigara yifumbereje! Ababibonye basigaye mu busa!!! hama nawe ngo Société civile ntibagira politique? Mbe uwutogira politique uno munsi ninde ko abo twari twizeye batabishoboye?

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  8. Iyo ni article ubona ko yanditwe n’abamwe twita ba mpema yuzuye!

    Nkurunziza et sa famille sont libres…même s’ils croient au diable ou aux fantômes, c’est leur croyance!
    Au départn Pacifique NINIHAZWE chantait qu’il était de la société civile, mais curieusement, qu’est-ce qu’il fout derrière ce foutu de troisième mandat? Un vrai malhonnête!!!

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    • Cette partie tirée d’un article de Nina Cvetek et Friedel Daiber t’intéresse et t’empêchera de condamner ton prochain par ignorance……

      (……)Les fonctions de la société civile :

      On peut dire qu’il y a, en tout, les sept fonctions fondamentales de la société civile suivantes:

      1. La fonction de protection : La société civile a le devoir de procurer la liberté aux citoyens et à les protéger de l’arbitraire étatique. Y est incluse la protection contre les ingérences de l’Etat dans la sphère privée, et ainsi, la disponibilité assurée d’un espace aussi bien privé que social. Ainsi, les organisations de la société civile s’occupent, par exemple, de vérifier les projets politiques concernant la sécurisation des droits fondamentaux du citoyen, et, dans le cas d’une infraction, d’attirer l’attention et de prendre des dispositions pour réagir contre cette infraction. La protection, en particulier, des minorités et de leurs droits, fait également partie de cette fonction.

      2. La fonction de contrôle : Souvent, on appelle aussi cette fonction «la sécurisation de la liberté par la négative». Elle est très dépendante de la fonction de protection, puisqu’il s’agit ici de l’observation et du contrôle du pouvoir politique. Une des obligations fondamentales dans le cadre de la fonction de contrôle est, par exemple, le contrôle des élections, pour en garantir le déroulement équitable, dans le respect des règles fondamentales de la démocratie.

      3. La fonction de participation : Il s’agit ici de la socialisation démocratique et participative des citoyens. On peut également la décrire comme étant l’exigence d’une excellence en matière de culture politique. On entend par là une augmentation de l’intérêt général pour la politique, c’est à dire, une augmentation de la motivation et de la capacité à participer à l’événement politique. Par ailleurs, dans ce contexte, la société civile est considérée, comme déjà chez Tocqueville, comme une école de la démocratie. Cette dernière servirait, parallèlement au renforcement de la démocratie, à recruter de manière ciblée des élites démocratiques destinées aux instances de décision étatiques. Comme exemple pour la fonction de participation, on peut citer celle, directe, de représentants du secteur civil à la formulation de projets de loi et autres réglementations ou décisions. On appelle culture politique la représentation de toutes les positions cognitives, émotionnelles, ainsi que les jugements, ayant trait aux problèmes politiques, et particulièrement, les positions concernant l’ordre général et l’organisation du système politique dans une société.

      4. La fonction d’allègement (de l’Etat) : Dans plusieurs domaines, la société civile contribue à alléger, dans le sens strict du terme, l‘Etat, le gouvernement et le monde politique. D’une part, il y a un allègement financier effectif – par le fait que les citoyens endossent volontairement, et souvent sans rémunération, des obligations sociales. Par conséquent, c’est encore un allègement allant dans le sens d’une augmentation de l‘efficience. Ainsi, de nos jours, la société se trouve confrontée à de nouvelles problématiques complexes, qu’on appelle les «mégaproblèmes», et qui ne peuvent être réglés au niveau de l’Etat uniquement. Ce sont des problèmes qui doivent être abordés à plusieurs niveaux. Il s’agit, par exemple, de la globalisation ou de la problématique environnementale qui s’aggrave de plus en plus. La société civile remplit ainsi des obligations sociales qui dépassent la famille, mais qui, en même temps, ne sont pas du tout – ou pas suffisamment – pris en compte par les formes de représentation des intérêts des organisations établies, et que, par ailleurs, ni le marché, ni l’Etat, ne peuvent résoudre correctement. On peut prendre comme exemples les groupes d’entraide et mutuelles qui deviennent de plus en plus nombreux. Les membres de ces groupes se trouvent souvent dans une situation difficile: désorientés, fortement déprimés, désespérés, seuls, ayant de plus l’impression d’avoir été abandonnés. Ce genre de groupe remplace généralement des structures familiales déficientes ou l’Etat, qui reste sans ressources devant ce type de problèmes privés.

      5. La fonction d’articulation : La société civile peut contribuer à ouvrir des voies efficaces de production, de rassemblement et d’articulation de valeurs communautaires et d‘intérêts sociaux, en-dehors des partis politiques et des parlements. Les sujets privés et sociaux sont alors abordés par la société civile et véhiculés auprès de l’opinion politique. La société civile agit ainsi comme intermédiaire entre les citoyens et l’Etat. Les initiatives de citoyens constituent un exemple de fonction d’articulation de la société civile. Les citoyennes et citoyens y abordent souvent des problèmes touchant un domaine d’expérience directe et s’organisent en vue d’agir directement, sans passer par l’intermédiaire de partis ou d’associations, sur des situations inacceptables qui traînent ou qu’ils jugent dangereuses. Les initiatives de citoyens se forment souvent, par exemple, dans le cas de l’extension d’un aéroport (pour protéger la nature ou empêcher plus de bruits d’avion) ou dans le cas du transport de déchets atomiques.

      6. La fonction de démocratisation : Il s’agit ici de la contribution de la société civile au processus de formation de l’opinion publique et de la volonté populaire. La société civile a une fonction importante dans la démocratisation, surtout au niveau local. Dans les jeunes démocraties, cette fonction reste souvent tributaire de l’évolution de la démocratie au niveau national où les initiatives de citoyens constituent également un exemple concret. Dans ce contexte, des séances d’information sont souvent organisées, pour informer l’opinion publique sur un sujet particulier. Elles contribuent ainsi au processus de formation de l’opinion et de la volonté publiques. D’autres groupements (locaux), qui organisent par exemple une séance de discussion hebdomadaire ou mensuelle, appartenant à la société civile, produisent également un travail actif au service de ce processus de formation de l’opinion et de la volonté publiques.
      7. La fonction de règlement (ou gestion) des conflits sociaux : Grâce à ses réseaux d’associations, d’initiatives et de mouvements, la société civile admet des superpositions au niveau de l’adhésion des membres. Ces adhésions croisées dans des groupes multiples peuvent contribuer à construire des ponts entre les positions conflictuelles les plus profondément ancrées dans la vie de la société: elles peuvent ainsi aider à adoucir les conflits sociaux. Par ailleurs, l’émergence d’une solidarité sociale et le renforcement de la cohésion sociale, grâce à la réalisation commune d’objectifs communs constituent un effet secondaire positif au sein des organisations de la société civile.

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